Alors que l’intelligence artificielle s’impose comme la force motrice de la prochaine révolution technologique, une faille critique menace son déploiement à grande échelle : le manque de confiance dans les données. Les modèles d’IA, aussi sophistiqués soient-ils, ne sont que le reflet de la qualité, de la provenance et de l’intégrité des informations qu’ils consomment. Dans un monde saturé de désinformation, de données fragmentées et de systèmes centralisés opaques, comment garantir que les décisions prises par l’IA — qu’il s’agisse de diagnostiquer une maladie, d’évaluer un actif financier ou de tracer l’origine d’un produit — reposent sur des fondations fiables ?
OriginTrail apporte une réponse radicale à cette crise de confiance. Plutôt que de chercher à améliorer uniquement les algorithmes, le protocole construit l’infrastructure sous-jacente de données vérifiables sur laquelle toute IA digne de ce nom devrait reposer. À l’intersection du Web3, des graphes de connaissances décentralisés et de l’IA neuro-symbolique, OriginTrail établit les rails d’un Internet vérifiable pour l’Intelligence Artificielle — un écosystème où chaque fait, chaque donnée, chaque assertion peut être tracé, validé et possédé.

Il n’est pas le seul sur le sujet, j’ai parlé récemment de Recall Network qui fait sensiblement la même chose.
Le graphe de connaissances décentralisé : la colonne vertébrale d’une IA fiable
Au cœur d’OriginTrail se trouve le Decentralized Knowledge Graph (DKG), une infrastructure de données ouverte et distribuée qui transforme l’information en actifs de connaissance (Knowledge Assets). Contrairement aux bases de données traditionnelles, le DKG ne stocke pas simplement des données brutes ; il les structure sémantiquement, les relie entre elles et les ancre à la blockchain via des preuves cryptographiques.
Chaque Knowledge Asset est :
- Propriétaire : géré via un NFT, il confère à son créateur un contrôle total sur son utilisation et sa monétisation.
- Découvrable : interconnecté selon les principes du Web sémantique, il devient facilement accessible à travers le réseau.
- Vérifiable : ses métadonnées et son contenu sont scellés par des arbres de Merkle, et leur empreinte est enregistrée on-chain, rendant toute altération immédiatement détectable.
Cette architecture permet à l’IA d’accéder non pas à une masse informe de données, mais à un réseau de faits interconnectés, auditables et contextualisés. C’est la condition sine qua non pour que les systèmes intelligents puissent raisonner de manière fiable, explicite et traçable.
dRAG : l’IA générative ancrée dans la réalité
L’un des apports les plus novateurs d’OriginTrail est le cadre dRAG (Decentralized Retrieval-Augmented Generation). Inspiré du RAG classique — qui permet aux modèles de langage de consulter des sources externes avant de générer une réponse —, le dRAG intègre cette logique dans un environnement décentralisé et vérifiable.
Dans un système dRAG :
- Un agent IA reçoit une requête (ex. : « Quelle est la composition exacte de ce médicament ? »).
- Il interroge le DKG pour récupérer les Knowledge Assets pertinents, vérifiés et liés à ce médicament.
- Il synthétise une réponse en s’appuyant uniquement sur ces sources fiables, en citant leurs origines.
- L’utilisateur peut vérifier chaque élément de la réponse en remontant à sa source d’origine.
Cette approche élimine les hallucinations, réduit les biais et restaure la transparence. Elle transforme l’IA générative d’une boîte noire en un système de raisonnement fondé sur des preuves, essentiel pour les applications critiques en santé, en finance ou dans la gouvernance.

Les paranets d’OriginTrail : des écosystèmes de connaissance autonomes
Pour évoluer à l’échelle, OriginTrail introduit le concept de paranets — des sous-réseaux thématiques autonomes au sein du DKG. Une entreprise, une communauté ou une DAO peut créer son propre paranet dédié à un domaine spécifique : la traçabilité alimentaire, les rapports financiers des entreprises, les données cliniques, etc.
Chaque paranet définit :
- Son ontologie (les règles sémantiques qui structurent les données),
- Ses sources de données autorisées,
- Son modèle d’incitation, financé par des émissions du token NEURO sur la blockchain NeuroWeb (le Layer 1 dédié d’OriginTrail, compatible EVM et sécurisé par Polkadot).
Ce mécanisme permet une croissance organique et motivée de la connaissance. Les contributeurs sont récompensés pour la création, la validation ou la curation de Knowledge Assets de haute qualité. À mesure que le paranet mûrit, des agents IA peuvent même générer de nouvelles connaissances de manière autonome, en appliquant des raisonnements déductifs ou inductifs sur les données existantes — tout en restant ancrés dans un socle vérifiable.
TRAC : le carburant économique du graphe de connaissance
Le token $TRAC est l’élément central de l’économie du DKG. Avec une offre fixe de 500 millions d’unités (toutes en circulation depuis 2018), TRAC est conçu pour être non inflationniste et durable.
Il sert à trois fonctions clés :
- Payer la publication de Knowledge Assets : les éditeurs rémunèrent les nœuds qui répliquent et sécurisent leurs données.
- Fournir un collatéral : les opérateurs de nœuds (Core Nodes) doivent staker du TRAC pour participer au réseau, ce qui les incite à maintenir un service de haute qualité.
- Déléguer et gagner : les détenteurs de TRAC peuvent déléguer leurs tokens à des nœuds de confiance et recevoir une part des frais générés.
Ce modèle économique assure la sécurité, la résilience et l’alignement des incitations de l’ensemble de l’écosystème, sans recourir à une émission continue qui diluerait la valeur du token.

Des cas d’usage concrets, de la chaîne logistique à l’IA de santé
Le projet ne se limite pas à la théorie. Son adoption par des acteurs majeurs témoigne de sa robustesse :
- La BSI (British Standards Institution) utilise le DKG pour la traçabilité des produits.
- Perutnina Ptuj, un géant agroalimentaire, vérifie l’authenticité de ses produits en temps réel.
- PolkaBot.ai s’appuie sur ChatDKG pour fournir des informations fiables sur l’écosystème Polkadot.
- Des initiatives européennes intègrent OriginTrail dans le cadre du Digital Product Passport, un passeport numérique obligatoire pour les produits durables.
Dans le domaine de la santé, un agent IA pourrait croiser des données génomiques, des antécédents médicaux et des essais cliniques vérifiés pour proposer un traitement personnalisé — en citant chaque source et en permettant au médecin de valider chaque étape du raisonnement.
Du côté des partenariats le projet est associé à de grands noms comme Microsoft, Google, Oracle ou encore Walmart. Il a également rejoint le programme Inception de NVIDIA.
OriginTrail : vers une ère de l’IA responsable et vérifiable
OriginTrail ne veut pas simplement stocker des données ; mais redéfinir la nature même de la connaissance à l’ère de l’IA. En la rendant propriétaire, interopérable et vérifiable, il pose les fondations d’un Internet où les machines, comme les humains, peuvent faire confiance à ce qu’elles lisent, apprennent et décident.
Alors que le monde se divise entre ceux qui craignent une IA incontrôlable et ceux qui lui font une confiance aveugle, OT trace une troisième voie : une intelligence artificielle ancrée dans la réalité, transparente par construction, et alignée sur les valeurs du Web3. Si tout se passe bien pour le projet, la confiance ne sera plus un vœu pieux, mais une propriété cryptographiquement garantie.