Si chaque paiement et transaction en bitcoin laisse une empreinte lumineuse sur la blockchain, un coinjoin transforme cette lumière en reflet flou de néon. Grâce à ce procédé, votre transaction se mélange avec celles d’inconnus dans une même opération, rendant impossible de savoir qui a versé quoi à qui. Dans ce tour d’horizon, vous apprendrez comment ce mélange fonctionne sans algorithme ésotérique, quels outils l’automatisent et comment éviter les pièges qui transforment l’anonymat en cauchemar juridique.

Le principe du shaker : plusieurs verres, une seule facture
Coinjoin rassemble plusieurs participants qui acceptent de combiner leurs entrées et leurs sorties dans une transaction unique. Résultat : le registre public voit des pièces arriver et partir, mais il ne sait plus qui envoie à qui. Ainsi, Alice, Bob et Charlie versent chacun 0,05 BTC ; la blockchain enregistre une seule transaction avec trois entrées et trois sorties de valeurs différentes (0.015, 0.045 et 0.09 par exemple), sans lien direct entre elles. Personne ne sait qui a récupéré quoi. Le tout reste sécurisé car chaque participant signe sa partie et aucun fond n’est jamais confié à un tiers.
Coinjoin vs. les autres outils de masquages
Solution | Anonymat instantané | Coût estimé | Utilisation grand public | Risque réglementaire |
---|---|---|---|---|
Wasabi (wallet) | Oui | 0,3 % + fees | Oui, via wallet | Moyen |
Monero (ring signatures) | Oui | Intégré | Oui | Faible |
PayJoin | Oui | Miner fees | Non, pair-à-pair | Faible |
CoinSwap | Oui | Variable | Non, avancée | Faible |
Pas de mélange | Non | 0 | Oui | Nul |
Plusieurs cocktails disponibles
Wasabi Wallet verse votre montant dans un pool commun jusqu’à atteindre une centaine de participants ; les signatures se mélangent puis chacun reçoit des sorties identiques. JoinMarket crée un marché où des « makers » fournissent la liquidité contre une petite commission, tandis que les « takers » paient pour se fondre dans la foule. PayJoin simplifie l’affaire : le vendeur et l’acheteur signent ensemble une transaction unique, rendant impossible de distinguer l’envoi du paiement du reste de la table. Mais il y a d’autres solutions.
Guide express : votre première brassée anonyme en 3 étapes
- Choisissez votre shaker : téléchargez par exemple Wasabi ou Sparrow Wallet, chacun offre une interface claire et un bouton « Coinjoin ».
- Préparez le verre : versez une somme supérieure à 0,01 BTC pour éviter les frais de coordination ou acceptez les remix gratuits pour les petites sommes.
- Agitez doucement : cliquez sur « Start Coinjoin », patientez quelques dizaines de minutes et récupérez vos sats floutés (rapport au fait d’être bourré à cause du cocktail), prêts à être dépensés sans laisser d’empreinte.
Les faux-amis des Coinjoin à éviter
Certains services centralisés promettent l’anonymat absolu mais conservent les logs ; préférez les wallets open-source et les pools décentralisés. Par ailleurs, mélanger des fonds immédiatement après un achat KYC peut attirer l’attention ; attendez quelques jours ou plusieurs blocs pour brouiller davantage la chronologie. Enfin, éloignez-vous des sites « mixeurs » illégaux qui ont vu leurs créateurs arrêtés en 2024 (Samouraï Wallet, Blender, Sinbad, Bitcoin Fog & co). On ne sait pas ce que les autorités vont en faire.
L’avenir : plus discret, plus simple
Les développeurs travaillent à intégrer Coinjoin dans les wallets mobiles par défaut, réduisant les clics à zéro. Parallèlement, Lightning Network prépare des versions instantanées de mélange, rendant l’anonymat aussi fluide qu’un paiement sans contact. Le jour où chaque transaction ressemblera à une concoction de verre de cocktail, l’anonymat deviendra la norme, non l’exception.