Dans un secteur musical où les plateformes ressemblent encore trop à des cages dorées, Audius passe la seconde avec le lancement du Open Audio Protocol. Version 1.0 de son infra et véritable “backend global” pour la musique, sécurisé par le token $AUDIO. L’idée est claire : séparer l’app Audius (le “Spotify Web3” que les artistes et fans utilisent déjà) du protocole sous-jacent, bâti pour que n’importe qui puisse lancer des apps musicales, des clients de streaming ou des fan-clubs nouvelle génération, tout en redonnant aux artistes la main sur leur économie. Au cœur de ce nouveau chapitre, on trouve les Artist Coins, des fan tokens propulsés par Solana et Meteora, qui rendent enfin tangibles les promesses de “creator coins” sans bullshit ni flywheel fumeux.
Audius vs Open Audio Protocol : l’app d’un côté, l’infra mondiale de l’autre
Pendant des années, Audius a été perçu surtout comme une app de streaming décentralisée, utilisée par un public majoritairement non‑crypto qui vient pour écouter, uploader, chatter et farmer des rewards plutôt que pour lire des whitepapers. Pourtant, sous le capot, l’équipe a toujours construit un protocole pensé comme une base de données musicale mondiale, ouverte, interopérable et gratuite à utiliser pour les devs. Avec la version 1.0, cette ambivalence devient explicite : Audius reste l’app grand public, tandis que le stack technique prend un nom à part entière, le Open Audio Protocol, censé attirer les builders qui veulent créer les Spotify/Tidal/Apple Music “killers” en s’appuyant sur l’infra existante.
Techniquement, cette 1.0 apporte une architecture modernisée pour les métadonnées de transactions et la récupération des médias, avec un support natif du standard DDEX utilisé dans l’industrie pour les intégrations avec DistroKid, Warner Chappell, Downtown Music et consorts. Le protocole peut désormais scaler en stockage et streaming en s’appuyant sur un réseau de validateurs $AUDIO incentivés et stakés. Chaque nouveau nœud renforçant la capacité globale à héberger catalogues et flux pour toutes les apps construites dessus. Autrement dit : Audius ne veut plus seulement être “la” plateforme, mais bien le socle technique sur lequel d’autres plateformes peuvent dépasser l’app originelle sans froisser personne.
Artist Coins : fan-clubs on-chain, bonding curves et trésor de communauté
La pièce manquante du puzzle, annoncée dès le whitepaper 2020 mais rendue possible par l’écosystème actuel (Solana, Meteora, Jupiter, Metaplex, infra RPC mature), ce sont les Artist Coins (jetons d'artistes), désormais présentés comme la brique fondatrice du Open Audio Protocol. Chaque Artist Coin fonctionne comme un fan-club tokenisé : un token unique, créé en quelques minutes par un artiste vérifié, appairé on-chain avec $AUDIO sur Solana et adossé à une bonding curve intelligente. Les coins “naissent” et “évoluent” sur cette courbe gérée par l’infra de liquidité de Meteora, ce qui encadre la découverte de prix et limite les rug pulls ou flywheels artificiels typiques de beaucoup de creator coins. Le premier artiste un peu connu à rejoindre l'aventure est le rappeur Kodak Black et son token $YAK.

Côté flux de valeur, la mécanique est nette : chaque trade sur une Artist Coin génère des frais qui alimentent une trésorerie communautaire, pendant que les artistes captent 50% des fees issus de la liquidité basée en $AUDIO et reçoivent, sur cinq ans d’unlock, 50% de l’offre totale de leur coin. Ainsi, l’artiste ne dépend plus uniquement d’un stream fractionné par un DSP, mais s’approprie une économie parallèle où la performance de son fan-club coin – activité, liquidité, hype raisonnée – crée une nouvelle source de revenus soutenable. Pour les fans, ces coins deviennent bien plus qu’un simple “pourboire”: accès à du contenu exclusif, fan-clubs privés, campagnes ciblées, quêtes, bounties, activations, avec la possibilité de trader ensuite leurs positions sur Audius ou via les outils trading Solana habituels.
Launchpad et outils : airdrops, quêtes et distribution massive inspirés de $AUDIO
Le launchpad des tokens d'artistes incarne cette vision centré sur le créateur mais infra‑native. Les artistes vérifiés peuvent y lancer leurs coins en quelques clics, en s’appuyant sur toute la panoplie de distribution déjà éprouvée par $AUDIO : airdrops ciblés, pools de récompenses sur mesure, comptes claimables pour les fans, et quêtes gamifiées qui ont déjà touché plus de 5 millions de wallets dans l’écosystème Audius. Autrement dit, les mêmes outils qui ont servi à diffuser $AUDIO servent désormais de rails pour les économies d’artistes, avec une UX pensée pour être “intuitive et fonctionnelle dès le premier jour”, selon les mots de l’équipe.
Au niveau tokenomics, l’accent est mis sur l’utilité et l’équité : l’artiste gagne sur le long terme via unlock progressif et partage de fees, tandis que le protocole se nourrit des frais pour entretenir son trésor communautaire et financer de nouvelles initiatives. Les fans, eux, deviennent enfin plus que de simples auditeurs anonymes : ils acquièrent un statut de curateurs mesurable, avec des positions qui reflètent leur soutien précoce ou continu, à l’image d’un fan-club 3.0 où la fidélité se lit aussi on-chain.

Rôle du token $AUDIO : gouvernance, sécurité et colle économique
Derrière cette refonte, $AUDIO reste le carburant central : il sécurise le réseau via le staking de nœuds qui stockent et indexent les contenus, donne des droits de gouvernance sur l’évolution du protocole et sert de paire de base pour tous les Artist Coins. Les validateurs et opérateurs de nodes gagnent de l’AUDIO via l’émission annuelle (7%) et le pool agrégé de frais, tandis que les artistes peuvent améliorer la découverte de leurs morceaux et débloquer des fonctionnalités premium en maintenant un certain niveau de staking.
En rebrandant la couche infra en Open Audio Protocol, la communauté Audius envoie donc un message clair : l’app n’est qu’une des nombreuses portes d’entrée possibles, et c’est le protocole – avec ses Artist Coins, son respect des standards de l’industrie et son infra de staking – qui doit devenir le terrain de jeu des développeurs. Pour les artistes lassés des plateformes fermées, l’équation est simple : une app grand public déjà installée, un protocole ouvert prêt à accueillir d’autres frontends, et un système de tokens personels qui transforme les fan-clubs en micro‑économies plutôt qu’en gadgets marketing.


