Les rouages internes de l’industrie de la musique sont aussi complexes que ceux d’une montre suisse. Et comme une montre suisse, même le moindre grain de sable peut causer une catastrophe. Il fut un temps où le sable dans les rouages de la musique était tout simplement Internet. Lorsque des services peer-2-peer d’échanges de fichiers comme Kazaa ou eMule sont apparus, la panique était palpable. Cependant, avec le temps, l’Internet a fini par révolutionner la musique, même si certains problèmes ont perduré.
Les plateformes de distribution sont devenues virtuelles, mais les Spotify & Co n’ont pas changé énormément les choses pour les artistes. Ils sont toujours payés avec un lance-pierre. En moyenne 1000 écoutes sur Spotify génèrent entre 4 et 4.5$. Qui doit, selon les cas, être réparti entre l’éditeur, celui qui a écrit la chanson et le détenteur des droits (l’artiste ou la maison de disque). Pas fou.
Mais, comme le phénix qui renaît de ses cendres, c’est la blockchain qui, cette fois, est prête à transformer l’industrie de la musique à nouveau. Elle a le potentiel de rendre les paiements et la distribution des royalties de manière transparente et totalement démocratique. Et cela en apportant des solutions aux problèmes de droits d’auteurs, aux services d’abonnement, etc.
En clair, la blockchain offre aux musiciens une nouvelle façon de licencier leur musique sans passer par un intermédiaire (maison de disques & co). Imaginez que vous êtes un musicien indépendant, et au lieu de passer par des labels discographiques et des sociétés de gestion de droits, vous pouvez distribuer directement votre musique à vos fans et être payé en conséquence.
Blockchain et industrie musicale
Cela se fait grâce à des plateformes comme LimeWire, qui s’est associé à Algorand pour fournir une plateforme aux créateurs de musique. J’en ai parlé dans un article qui présente le Limewire AI Creator Studio. Ces derniers ont su se renouveler et ont réussi à créer un écosystème musical décentralisé qui accroît l’interaction entre les artistes et les fans. Même Napster, le rebelle du début de l’ère internet, se réinvente en tant qu’écosystème musical décentralisé.
Mais ce n’est pas tout. La blockchain peut permettre à une chanson d’avoir plusieurs propriétaires et de devenir sa propre micro-économie. Chaque chanson peut être vue comme une petite entreprise, avec des actionnaires (les propriétaires de la chanson) qui reçoivent des dividendes (les revenus générés par la chanson elle-même).
Un exemple avec stoi.org, qui utilise la blockchain pour permettre aux artistes de monétiser leur musique et de se connecter avec leurs fans. Ils utilisent des contrats intelligents pour créer des jetons qui représentent une partie de la propriété d’une chanson. Ces jetons génèrent des revenus pour leurs détenteurs chaque fois que la chanson est jouée. Ils ne sont d’ailleurs pas les seuls, je vous ai déjà présenté Geojam (écosystème Constellation Network) ou encore Public Pressure (écosystème Polkadot). Blockchain et industrie musicale ne sont pas antinomiques, au contraire.
Relation artiste-fan
Il existe également des plateformes comme Opulous et ANote Music qui permettent aux fans de soutenir financièrement leurs artistes préférés et de bénéficier de leur succès. En gros, vous pouvez investir dans vos artistes préférés comme vous le feriez avec des actions en bourse.
En conclusion, la blockchain est en train de transformer l’industrie de la musique de manière très positive. Elle offre aux musiciens de nouvelles manières de se connecter avec leurs fans et d’explorer comment créer et interagir avec les communautés en ligne. Créer des chansons en série limitée ou qui s’autodétruisent au bout d’un certain temps, proposer des collections NFTs exclusives, ajouter une expérience personnalisée ou divers niveaux de raretés … il n’y a plus de limites !
De l’autre côté elle permet également aux fans de musique de véritablement posséder et même investir dans la musique qu’ils aiment. Une transformation vers le Web3 qui renforcera le lien entre les musiciens et les fans pour la prochaine évolution de l’industrie musicale.
