La Google Universal Ledger (GCUL) n’est pas une simple blockchain : c’est une déclaration d’intention. Alors que Stripe et Circle bâtitent leurs propres écosystèmes financiers autour des blockchains Tempo et Arc, Google dit réinventer la neutralité avec une infrastructure sur laquelle tout le monde pourra construire sans se soumettre à un empire centralisé (on y croit ?).
GCUL : l’infrastructure blockchain pour tous les institutionnels
La Google Cloud Universal Ledger (GCUL) se positionne comme une blockchain layer-1 conçue pour les institutions financières. Son avantage majeur ? Une neutralité crédible. Alors que Stripe et Circle font de leurs blockchains le prolongement naturel de leur offre, Google mise sur une base commune ouverte. “Tout établissement financier pourra utiliser GCUL”, souligne Rich Widmann, responsable Web3 de Google Cloud. Une stratégie qui séduit déjà CME Group, qui teste GCUL pour des opérations de tokenisation et de paiement grossier.

Smart contracts en Python : accessibilité sans compromission
Contrairement aux protocoles basés sur des langages exotiques, GCUL misera sur des contrats intelligents en Python. Ce choix est stratégique : Python est le langage de prédilection des ingénieurs financiers et des développeurs, facilitant l’adoption. Google mise sur cette familiarité pour permettre à des entreprises comme Tether de déployer leurs solutions sans friction.
Le test du CME : quand Chicago croit en Google
Le pilote avec CME Group (Chicago Mercantile Exchange) est plus qu’un symbole. GCUL est déjà utilisé pour des applications critiques comme le calcul des marges, la tokenisation d’actifs et les règlements. Terry Duffy, PDG de CME, souligne que cette technologie peut préparer le marché à une ère de trading 24/7. Une ouverture importante pour un marché qui a traité 30,2 millions de contrats par jour au deuxième trimestre 2025.
Avantages concurrentiels : neutralité vs intégration verticale
Face à Stripe Tempo (optimisée pour les paiements) et à Circle Arc (centrée sur les stablecoins), GCUL joue sur un créneau différent : la polyvalence. Google ne cherche pas à contrôler le marché des paiements ou des stablecoins, mais à offrir une base commune. “Les entreprises veulent éviter la dépendance à un seul fournisseur”, explique Widmann. Cette stratégie rappelle la neutralité technique de Linux dans l’univers des systèmes d’exploitation.
La vision : une blockchain à l’échelle planétaire
Google vise plus qu’un simple succès technologique. GCUL est conçu pour servir des milliards d’utilisateurs. Grâce à l’infrastructure cloud de Google, GCUL promet une extensibilité sans précédent. L’objectif est de devenir une infrastructure aussi ubiquitaire que les protocoles TCP/IP qui sous-tendent Internet.
La Universal Ledger de Google représente une incursion mesurée mais ambitieuse du géant de la tech dans le domaine des infrastructures financières décentralisées. GCUL établit un équilibre délicat entre innovation technique et appréhension des marchés. En positionnant sa blockchain comme une couche neutre, Google mise sur un écart de confiance vis-à-vis des concurrents comme Stripe et Circle, qui ont construit leurs initiatives autour de leurs propres écosystèmes financiers.
Le pari est ambitieux : GCUL n’est pas simplement une blockchain, mais une tentative de réinventer les règles du jeu des services financiers. Google envoie un signal clair : dans l’ère de la blockchain institutionnelle, neutralité et ouverture peuvent être autant de leviers d’adoption que de contrôle centralisé. Arrivée sur le marché prévue en 2026.